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jamais assez ! et si quelqu’un, un beau jour, tire quelque parti de leur collection, ils ne lui en voudront pas ; mais, en attendant, ils ne se soucient, eux, et ils ne s’enorgueillissent que de l’avoir formée.

L’ « observation » de Balzac est quelque chose de plus, et de très différent. « J’ai été pourvu d’une grande puissance d’observation, — écrivait-il à madame Hanska, tout au début de leur liaison, au commencement de 1833, — parce que j’ai été jeté à travers toutes sortes de professions, involontairement. Puis, quand j’allais dans les hautes régions de la société, je souffrais par tous les points où la souffrance arrive, et il n’y a que les âmes méconnues et les pauvres qui sachent observer, parce que tout les froisse, et que l’observation résulte d’une souffrance. La mémoire n’enregistre rien que ce qui est douleur. À ce titre elle vous rappelle une grande joie, car un plaisir [un grand plaisir] touche de bien près à la douleur. Ainsi la société dans toutes ses phases, du haut en bas, ainsi que les législations, les religions, les histoires, le temps présent, tout a été analysé et observé par moi ! » Il y a là un peu d’exagéra-