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principal effort. Inversement, un écrivain de quelque considération, durant tout l’âge classique, s’il avait composé quelques romans, n’y voyait que pure bagatelle ; et quiconque eût dit à Voltaire que son Candide ou son Zadig enterreraient sa Zaïre, et même son Charles XII, Voltaire eût trouvé l’impertinence singulière. Encore Candide et Zadig ne sont-ils point des « représentations de la vie » ! C’était donc bien le roman, comme tel, que l’âge classique avait méprisé, regardé comme un genre inférieur, délégué à ceux qui n’étaient point capables de l’Ode ou la Tragédie, voire de l’Épître ou du Vaudeville. Mais aussi c’est pourquoi, rien qu’en le relevant de cette condition d’infériorité, Balzac a fait une si grande chose. « Quelle vanité que la peinture qui attire notre admiration par l’imitation de choses que nous n’admirons point ! » Ce principe avait été celui de l’âge classique. Balzac l’a renversé sans retour, en montrant et en justifiant le pourquoi de cette admiration.

C’est qu’aussi bien si, comme en peinture, l’objet que nous « imitons » n’est qu’une fleur, ou un arbre, ou même un animal, il