Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Étrangère, 1834, No LXXI.] On n’est guère en danger, semble-t-il, de subir l’influence d’un écrivain sur lequel on s’explique avec cette liberté.

Sans doute, ce n’est pas à dire qu’à lui tout seul, et par la seule contagion de son succès, Balzac ait opéré la transformation que nous essayons de résumer. Il y a eu d’autres causes ou, comme on dit aujourd’hui, d’autres facteurs de l’évolution du romantisme vers le naturalisme. Par exemple, on s’est aperçu, vers 1840, qu’une littérature personnelle était ou devenait nécessairement, — et promptement, — monotone ou extravagante. Elle devient monotone, parce qu’à vrai dire, et en dépit de notre vanité, chacun de nous, fût-il Hugo, Lamartine ou Musset, n’a en somme que fort peu de choses à dire de lui-même, et entre lesquelles, assurément, de l’un à l’autre, du poète du Lac à celui de la Tristesse d’Olympio, la manière de les dire met quelque différence, mais ce sont pourtant les mêmes choses ; et nous les reconnaissons. Une littérature personnelle veut-elle cependant éviter ce reproche ? Il faut alors qu’elle cherche son originalité dans le rare ou