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pas absolument convaincu ! Il n’est pas une loi du roman. D’autres choses, dans le roman, plusieurs autres choses, passent avant la rapidité du récit, et le dénouement n’y doit jamais être la raison de ce récit. Mais, en second lieu, ces biographies si complètes sont le procédé légitime, s’il en fut, et naturel, dont le romancier se sert pour « établir » ses personnages, et les soustraire aux besoins de son intrigue, ou à l’arbitraire de sa propre imagination. Le banquier Brünner et le docteur Poulain n’auront qu’un geste à faire ou quelques mots à dire, mais ce qu’ils diront ou ce qu’ils feront ne sera pas, ne devra pas être une « invention » du romancier. Et, à plus forte raison, l’Auvergnat Rémonencq ou la femme Cibot, qui sont des êtres ou des instincts plus élémentaires. Ni leurs discours ni leurs actions ne doivent sortir comme d’une boîte à surprises, mais de toute une existence dont ils sont le prolongement ou la continuation normale. C’est ce qui donne aux « dessous » des romans de Balzac leur incomparable solidité. Même quand tous les éléments n’ont pas eu le temps d’en être fondus, et que,