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Ces descriptions ont-elles d’ailleurs tout l’intérêt et toute l’importance que leur attribue Balzac ? Ne sont-elles pas quelquefois un peu longues ? Notre manière de nous mettre est-elle tellement « adéquate » à notre manière de sentir ? Si nous étions habillés comme tout le monde, en 1844, au lieu de l’être comme on l’était en 1810, ne serions-nous plus le cousin Pons ? et Balzac enfin est-il bien sûr que tout « état de lieux », soit ce que nous avons appelé depuis lors un « état d’âme » ? Quelque réponse que l’on fasse à toutes ces questions, qui n’en sont qu’une, il peut ici nous suffire que, pas plus que leur valeur historique, la valeur d’art des descriptions de Balzac n’en soit diminuée. N’eussent-ils aucune utilité, ne fussent-ils là que pour eux-mêmes, tous ces détails seraient encore précieux, si ce sont eux qui donnent, à la physionomie des hommes et des choses, cet accent de personnalité qu’on chercherait en vain dans les romans antérieurs à ceux de Balzac. N’aimerait-on pas pourtant savoir dans quel décor, grisaille ou camaïeu, se sont jouées les Liaisons dangereuses ?