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nous un jour la plus émouvante élégie, la peinture des tourments subis en silence par les âmes dont les racines tendres encore ne rencontrent que de durs cailloux dans le sol domestique, dont les premières frondaisons sont déchirées par des mains haineuses, dont les fleurs sont atteintes par la gelée au moment où elles s’ouvrent ? » tout cela, tout ce galimatias, qui n’est pas rare dans Balzac, « l’état d’âme » dont il est généralement l’expression, ou encore, la psychologie prétentieuse et swedenborgienne de Louis Lambert et de Séraphita, c’est donc la part du romantisme dans l’œuvre de Balzac ; — et ni Balzac, ni le romantisme n’ont de raisons de s’en vanter.

Mais, après cela, je dis que Balzac, tout contemporain qu’il soit du romantisme, et sous plus d’un rapport, romantique lui-même, n’a rien accepté du romantisme, si du moins, comme il ne faut pas se lasser de le dire, le romantisme est la doctrine d’art, — plus ou moins consciente, il n’importe, mais en tout cas assez précise, — dont les poésies de Victor Hugo, les drames du vieux Dumas, et les premiers romans de George Sand : Indiana, Valen-