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même n’a rien, pour ainsi dire, que de calme, de raisonnable et de bourgeois ; dont tous les personnages ne sont que de petites gens, et dont la catastrophe enfin ne consiste qu’en une faillite, comment Balzac a-t-il pu tirer le roman qu’est César Birotteau ? C’est précisément ce que nous essayons d’expliquer, et quand nous y aurons réussi, si nous y réussissons, la présente étude sera terminée. Mais, pour le moment, nous n’en voulons signaler que la valeur de représentation historique ; et jamais adaptation d’un sujet à une époque déterminée ne fut sans doute plus parfaite. Réduite aux proportions de ce qu’on appelle un tableau de genre, c’est bien ici la Restauration tout entière. Plus vieux d’une vingtaine d’années, César Birotteau ne serait pas César, mais Ragon, son prédécesseur à l’enseigne de la Reine des Roses ; et, plus jeune de vingt ans, il y serait son propre successeur, le triomphant Crevel.

C’est de cinq ou six ans encore que nous avançons dans l’histoire du siècle, avec la Rabouilleuse [1842], qui n’est assurément pas le plus « moral » des romans de Balzac, mais qui en est sans doute l’un des plus « natu-