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LE PARNASSE CONTEMPORAIN.

première, l’indécision du dessin, la mollesse des contours, et la fluidité même de la forme n’y sont pas vraiment le signe, et la marque, et presque le tout du poète ?

C’est ici l’objection, et c’est ici l’interrogation : à savoir, s’il n’y a pas un charme et des beautés inhérentes à toute poésie vraiment digne de ce nom qui finiront par périr sous l’étreinte, en quelque sorte, de ces formes trop savantes. Un poète seul, quelque jour, décidera la question. Mais, en tout cas, né ou à naître, il est certain qu’il ne pourra pas entièrement se soustraire, même s’il veut les combattre, à l’influence des parnassiens ; et il paraît plus que probable, dès à présent, qu’il lui faudra commencer par procéder d’eux. Et sa gloire suffira, nous dit-on, à la leur. Trop heureux de l’avoir préparé, les parnassiens, s’il en survit quelqu’un en ce temps-là, lui pardonneront de se révolter, comme ces enfants drus et forts dont a parlé le moraliste, contre ceux mêmes qui l’auront nourri. C’est le dernier mot du livre de M. Catulle Mendès, — dont nous n’aimons pas beaucoup les vers et dont nous goûtons peu la prose, — mais qui est un homme d’esprit, et de cette sorte d’esprit qu’on appelle esprit de finesse.


1er novembre 1884