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HISTOIRE ET LITTÉRATURE.

de son Étrangère, contre une dangereuse intrusion du naturalisme au théâtre. En effet, l’art dramatique a ses conventions, conventions nécessaires, qui sont sa raison d’être, et, s’il cessait de s’y conformer, — car c’est toujours là qu’il en faut revenir, — peu importerait le succès d’une œuvre et l’engouement d’un jour, il serait tout ce que l’on voudra, mais non plus l’art dramatique. La poésie tout de même. Il y a, dans les Nouvelles Méditations un chant d’amour :


Si tu pouvais jamais égaler, ô ma lyre,
Le doux frémissement des ailes du zéphire
        À travers les rameaux,

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


que l’on peut regarder comme absolument caractéristique de Lamartine, qualités et défauts ; et il y a dans les Contemplations une pièce étonnante, les Mages, où l’on retrouve aisément Victor Hugo tout entier, défauts et qualités :


Pourquoi donc faites-vous des prêtres
Quand vous en avez parmi vous ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Relisez-les, mais de tout près, avec une méticuleuse attention, et dites si, dans la seconde, l’incompréhensibilité même des images, ou, à tout le moins, l’impossibilité de les représenter dans le marbre ou sur la toile, jointe au désordre du mouvement, et si, dans la