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HISTOIRE ET LITTÉRATURE.

au théâtre peut-être que les questions de métier, dans le temps où nous sommes, auraient diminué d’importance ? ou bien est-ce dans le roman ? Mais, dans le roman comme au théâtre, on serait presque tenté de dire que ce sont les seules qui se posent. Dira-t-on que M. Dumas fils se soit préoccupé médiocrement de l’esthétique de son art, ou Flaubert médiocrement soucié du choix de ses mots et de l’équilibre de ses phrases ? Ou bien encore cette théorie de l’impassibilité que l’on a tant reprochée aux parnassiens, — et dont je parle ici tout exprès parce qu’elle n’est qu’une apparence, une enveloppe, en un mot une question de forme, — est-ce l’auteur de la Femme de Claude ou de la Princesse George, et l’auteur de l’Éducation sentimentale ou de Bouvard et Pécuchet qui eussent pu refuser d’y souscrire ? Sous la diversité des effets, il faut nous habituer à reconnaître l’identité des principes. Laissons dire M. Catulle Mendès et laissons dire M. Zola : l’un et l’autre procèdent bien de la même origine ; parnassiens et naturalistes travaillent bien à la même œuvre ; ce sont des frères ennemis, mais ce sont bien des frères ; et, par un dernier trait qui achève la ressemblance, après leur avoir accordé les prémisses qu’ils nous demandent, c’est quand ils en veulent tirer des conclusions inadmissibles que la discussion commence, ou mieux encore quand leurs œuvres viennent maladroitement contredire les théories dont ils nous les donnent comme l’application et la preuve.