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LE PARNASSE CONTEMPORAIN.

Non seulement, en effet, ils sont bien de leur temps, et leurs œuvres fortement marquées au signe de leur génération, mais encore ils n’ont rien tenté d’innover dans la poésie que ce que prétendaient innover au théâtre l’auteur du Demi-Monde ou celui des Faux Bonshommes, et dans le roman l’auteur de Madame Bovary ou celui de Germinie Lacerteux. Les Poèmes barbares, dans leur genre, sont une tentative de même ordre exactement que Salammbô, de même que, pour franchir un intervalle de vingt-cinq ans, les Contes parisiens de M. François Coppée procèdent visiblement de la même inspiration générale que les romans de M. Alphonse Daudet. Ai-je besoin d’ajouter que les problèmes redoutables qui hantent l’esprit inquiet du poète de la Justice et des Vaines Tendresses sont les mêmes aussi qui s’agitent et se débattent entre nos philosophes ? Mais il n’est pas jusqu’à la question de l’imitation de la nature, cette question fondamentale en art, qui ne se soit déplacée pour eux tous, et précisément de la même manière. Au temps du romantisme et jusqu’au milieu de ce siècle, il s’agissait de faire servir la nature à l’expression de sa propre personnalité ; c’est aujourd’hui sa personnalité que l’artiste s’efforce de subordonner à la nature pour n’en être plus lui-même que le miroir ou le reflet. Il serait facile de montrer qu’une évolution des arts plastiques s’est accomplie dans le même sens.

Voilà pour le fond. Et voici pour la forme. Est-ce