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LE PARNASSE CONTEMPORAIN.

croît de valeur qu’il reçoit de la précision du langage et de la contrainte du rythme.

Tous les arts en sont là de nos jours. « La conscience est devenue désormais une condition nécessaire à la réalisation de la beauté... L’idée que ce mot implique a longtemps été dépourvue de valeur dans le domaine de l’art. On ne songeait pas à louer le peintre ou le sculpteur de n’avoir pas épargné sa peine… Mais la connaissance approfondie de la nature et de l’histoire a donné de nos jours au mot de conscience une haute signification. En l’employant aujourd’hui, on parle du devoir rigoureux qui incombe à l’artiste de s’approprier tout ce qu’une science certaine met au service de son sujet : il s’agit d’une nouvelle probité. Je ne sais ce que la postérité pensera de cette vertu que nous exigeons du talent ; mais, si elle la méconnaissait, il faudrait qu’elle ait perdu à la fois la juste notion de la forme et le respect de l’histoire. »

Cette leçon qu’un grand artiste, M. Guillaume, tout récemment, donnait aux peintres et aux sculpteurs, c’est exactement celle que les parnassiens se sont efforcés d’inculquer aux poètes de l’avenir. Il faut respecter religieusement la forme, parce qu’en poésie, comme en sculpture et comme en peinture, la forme c’est le fond ; parce que les meilleures intentions ne sont comptées au poète qu’autant qu’elles sont suivies d’exécution, et parce qu’enfin, la valeur de l’exécution dépend à peu près uniquement du degré