Page:Brunetière - Histoire et Littérature, t2, 1885.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
HISTOIRE ET LITTÉRATURE.

de la réforme n’en était pas moins excellent, et il méritait la fortune qu’il a faite. C’est vraiment, en effet, la rime qui gouverne la constitution du vers français, et, dans toute œuvre vraiment lyrique, c’est l’entrelacement des rimes qui doit gouverner la constitution de l’ensemble.

En même temps qu’ils accusaient de négligence ou d’incorrection la langue poétique de leurs prédécesseurs, et leurs rimes, en général, d’insuffisance ou de pauvreté, les parnassiens accusaient leurs métaphores d’inexactitude et leurs images d’incohérence. C’était à ce pauvre Boileau que M. Théodore de Banville en faisait cruellement le reproche. Pour être plus moderne, c’est à Musset que M. Catulle Mendès a cru devoir l’adresser. Beaucoup de gens penseront avec nous que, si l’auteur des Nuits l’a peut-être quelquefois mérité, l’auteur de cette Légende des siècles, dont les parnassiens ont fait en quelque sorte leur Bible, pourrait bien l’avoir mérité plus souvent. Un peintre sachant son métier ne laisserait pas d’avoir quelque peine à représenter sur la toile ces images énormes qui, de bonne heure, — dès le temps des Châtiments ou des Contemplations — sont devenues familières à Victor Hugo. Je ne veux rien dire de celles que l’on rencontre dans le Soleil de minuit, de M. Catulle Mendès, ou dans la Création des fleurs, de M. Stéphane Mallarmé. Mais il sera plus utile, à ce propos, de faire observer que l’on tranche ici trop lestement une question très délicate.