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HISTOIRE ET LITTÉRATURE.

d’ailleurs, les défauts, ou même l’insignifiance à tous autres égards, — deviennent forcément aux yeux de la critique les plus intéressantes, pour ne pas dire les seules qu’il y ait lieu d’étudier. Pareillement, si l’on tombe d’accord avec l’auteur du Demi-Monde et celui de Madame Bovary que l’imitation de la vie dans sa totalité sera désormais l’objet propre du roman et du théâtre, le théâtre et le roman de tendre nécessairement vers le réalisme, impressionnisme, naturalisme, ou de quelque autre nom qu’on le veuille nommer. Et pareillement enfin, si la poésie lyrique se propose d’être quelque chose de plus, ou seulement d’autre, que l’expression spontanée d’une émotion personnelle, c’est-à-dire si les choses y reprennent la place dont le moi superbe du poète les avait un temps dépossédées, il est inévitable qu’elle soit conduite à chercher la rénovation de son fond dans les raffinements de la forme.

On a beaucoup divagué sur cette question de forme. Disons donc ici que, partout et toujours importante, — quoique non pas peut-être au sens où l’entendent Bescherelle et Napoléon Landais, — elle l’est à peine moins en poésie qu’en peinture ou en sculpture même. Là est la justification des parnassiens, et là l’explication de leur réelle influence. Tandis que l’on ne serait pas embarrassé de citer au théâtre des œuvres qui continuent légitimement de plaire en dépit de l’incorrection, de l’insuffisance, de la vulgarité du style, comme Bataille de dames ou comme les Demoiselles