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HISTOIRE ET LITTÉRATURE.

Mendès, — la Légende du Parnasse contemporain, — nous offre tout naturellement aujourd’hui l’occasion de chercher la réponse. Il faut seulement, si l’on veut la trouver, remonter un peu plus avant dans le passé que ne l’a fait l’historiographe. Son livre est amusant, mais il est superficiel, et l’anecdote n’y suffit pas à remplacer la chronologie. En datant uue évolution de la poésie contemporaine du jour où MM. Catulle Mendès et Albert Glatigny se rencontrèrent dans les bureaux de la Revue fantaisiste et s’y saluèrent poètes, on fait tort de leur part dans l’œuvre commune à tous ceux dont l’auteur des Vignes folles et celui de Philoméla ne furent après tout que les continuateurs plus bruyants et moins bien inspirés. Une erreur de trois ou quatre ans ravit ainsi à l’école entière l’honneur de ses vraies origines. Et je ne sais si l’on ne peut dire qu’en se trompant de moins que rien sur un chiffre, M. Catulle Mendès la prive tout simplement de sa place, de sa raison d’être, et du meilleur même de son influence dans l’histoire de la littérature française contemporaine.

Quand le jour sera venu, dans quelque cinquante ans d’ici, d’écrire cette histoire, il est effectivement une année qu’on y devra noter comme féconde, significative, et caractéristique entre toutes. C’est cette année, 1857 qui vit paraître coup sur coup la Question d’argent, de M. Dumas fils, Madame Bovary, de Gustave Flaubert, et les Fleurs du mal, de Charles