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HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE CLASSIQUE

de son rang et de sa distinction qui ne se fussent pas ralliés à la monarchie d’Henri IV. La réconciliation était-elle donc plus complète qu’on ne l’eût voulue avec sa ville épiscopale, qui ne fit sa « soumisssion » qu’en 1594 ? Il avait été remplacé d’ailleurs dès 1591, par l’archevêque de Bourges, dans sa charge de grand aumônier de France.

« C’est par les traducteurs, a dit Jacques Peletier du Mans, dans son Art poétique, 1555, que la France a commencé de goûter les bonnes choses », et, bibliographiquemcnt, on a pu voir que l’assertion n’était pas tout à lait exacte : Marot et Marguerite, Rabelais et Calvin ne sont point des « traducteurs ». Mais si par traduction on veut bien entendre « adaptation », ou « accommodation », autant que « reproduction », il n’a pas tort. Les traducteurs de la fin du xve et ceux du commencement du xvie siècle ont rendu de grands services à la littérature française. Comme Henri Flstienne faisait l’étude des langues, et des textes des anciens, — ou des Italiens, — ils ont « vulgarisé » eux aussi les idées des anciens, à une date où, les littératures modernes n’existant encore qu’en puissance, il n’y avait, à vrai dire, d’idées, et par conséquent, au sens où l’on prenait alors le mot, de « nourriture » que dans les textes des anciens, — ou, à leur défaut, dans des textes italiens. Quelles idées fortes, par exemple, et même en faisant, si l’on veut, une exception pour Commynes, peut-on dire qu’on eût exprimées en français ! La traduction, c’était donc bien l’antiquité tout entière, c’était les « idées » de l’antiquité, c’était les résultats de son expérience en morale, en politique, et même en rhétorique, mis à la