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réponse

lants rivaux qui, un jour peut-être, seront pour vous des confrères. Dans votre esprit, où tout s’enchaîne avec une rigueur logique, cette conception de la critique se rattache d’ailleurs à une théorie plus générale. Vous trouvez que la personnalité envahit trop la littérature. Comme à Pascal, le moi vous paraît haïssable ; et c’est à vos yeux une manie toute française que d’entretenir le public de soi. Assurément cela est du plus mauvais goût. Mais comme il est heureux cependant que le bon goût n’ait pas toujours fait loi, et s’il fallait retrancher de notre langue les Mémoires du Cardinal de Retz, les Souvenirs de Madame de Caylus ou ceux de Madame de Staal-Delaunay, les Confessions de Rousseau ou les Mémoires d’Outre-Tombe, vous-même, j’en suis certain, en éprouveriez quelque regret. Et puis, je ferai devant vous l’aveu de ma faiblesse :