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de m. ferdinand brunetière.

mène, les seuls, seront toujours ceux de Corneille ; la vraie Phèdre toujours celle de Racine ; et qui voudra prendre une vue perspective de l’histoire de l’humanité, c’est toujours à nous, n’en doutons pas, Messieurs, qu’il la demandera, c’est au Discours sur l’histoire universelle, c’est à l’Esprit des lois, c’est à l’Essai sur les mœurs.

L’unique danger que je redouterais, ce serait donc que notre langue, mal informée de sa propre fortune, en vint à méconnaître un jour les vraies raisons de son universalité. Oui ; si nos écrivains, enragés de modernité, prétendaient rompre sans retour avec une tradition plus de quatre fois séculaire et consacrée par tant de chefs-d’œuvre ! s’ils songeaient moins dans leurs écrits aux intérêts de l’humanité qu’à eux-mêmes, et s’ils mettaient les conseils de leur amour-propre au-dessus de la vérité ; s’ils s’éver-