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de m. ferdinand brunetière.

Mais je ne saurais partager ses craintes, et je ne saurais surtout consentir avec lui que « la langue dans laquelle les hommes pourront parler le plus longtemps, le plus souvent, tous les jours, sera celle qui finira par vaincre et monter sur le trône ». Non ! la fortune littéraire d’une langue, et de la nôtre en particulier, ne dépend pas du nombre des hommes qui la parlent, quand il y en a d’ailleurs la moitié qui l’écorchent. Elle dépend, elle dépendra, dans l’avenir comme dans le passé, du nombre, de la nature, de l’importance des vérités que ses grands écrivains lui auront confiées. D’autres langues peuvent donc avoir d’autres qualités : l’anglais, si l’on veut, ou l’espagnol, qui n’est guère moins répandu dans le monde ; et d’autres langues, d’une autre famille, comme le chinois, peuvent être parlées par plusieurs centaines de mil-