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Vous rappellerai-je en terminant, et, — quelque tentation que j’en eusse, — m’appartient-il de vous rappeler l’intérêt qu’il prenait aux travaux de l’Académie ? Ce que du moins je puis dire, c’est qu’il aimait passionnément sa langue. Il ne pouvait se consoler, je le cite en propres termes : « que les temps fussent passés où, quand deux hommes de nations différentes se rencontraient, c’était en français qu’ils parlaient pour s’entendre ». Il se plaignait, avec un sentiment de patriotique amertume, que : « de plus en plus l’humanité pensât et parlât en anglais ». Il s’affligeait enfin de voir poindre le jour où la langue française, — c’est toujours lui qui parle, — aurait à jamais perdu « l’empire, la papauté, la monarchie de la parole et de l’écriture ». Retenons, Messieurs, ces fortes expressions, et admirons la sincérité de son inquiétude.