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de s’en évanouir avec celle de l’accident d’hier ou du scandale d’aujourd’hui ?

Le reprocherons-nous à nos journalistes ? Messieurs, ce serait s’armer contre eux de leur probité même, et méconnaître, à vrai dire, les exigences de leur profession. Nous ne demandons pas à nos avocats de faire intervenir les choses éternelles dans une action de bornage ; et, pourvu seulement qu’ils nous gagnent nos procès, est-ce que nous ne les tenons pas quittes de toute espèce de littérature ? Si c’est un sacrifice pour eux, la nature même des intérêts dont ils ont pris la charge en revêtant la robe, le réclame de leur conscience. Les grands procès, les beaux procès sont rares ! Et ainsi ce qui empêche l’éloquence du barreau d’être habituellement littéraire, c’est le sentiment même qu’elle a de ses devoirs. Il n’en va pas autrement de la presse. Elle est soumise à