Page:Brunetière - Discours de réception, 1894.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
de m. ferdinand brunetière.

moindre inconvénient n’est pas de transporter à la médiocrité triomphante le prix naturel du mérite, — préférences injustement, scandaleusement données aux Scudéri sur les Corneille, aux Voiture sur les Molière, aux Pradon sur les Racine, comme en général à ce qui passera sur ce qui doit durer, c’est tout cela. Messieurs, que la critique a pour mission, de combattre sans trêve, sans ménagements ni complaisance, dans l’intérêt du talent lui-même, de la vérité, de la justice ! et comment y réussirait-elle si, par son langage et par son attitude, se séparant de ceux qu’elle doit juger, elle ne faisait de son isolement ou de sa prétendue « mauvaise humeur », le moyen, la condition et la garantie de son impartialité ?

Ainsi pensait M. John Lemoinne… La chose du monde à laquelle il a toujours le plus fermement tenu, c’est son indépendance. Il