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de m. le comte d’haussonville.

la politique, la passion, l’injustice, même la calomnie ; mais d’autres y apportent aussi la conviction, le désintéressement, le dévouement. Parmi ces écrivains (car ce sont des écrivains également) qui, suivant votre spirituelle expression, sont condamnés à nous servir chaque matin le plat du jour, et auxquels ce plat revient parfois plus cher que vous ne pensez, il y en a, j’en connais, qui, au prix de la moindre défaillance, n’achèteraient ni une faveur, ni une grâce, ni même leur propre pain. Au besoin, et vous avez eu raison de le rappeler, M. John Lemoinne eût été du nombre. Ce qui achève, en effet, de rétablir l’unité de sa vie, c’est qu’il était galant homme. Longtemps il a vécu de sa plume, et rien n’est plus honorable, mais jamais il n’en aurait trafiqué. Homme de talent, homme d’esprit et galant homme, c’est un éloge que M. John Lemoinne n’au-