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le commencement d’une lueur suspecte, le gâtera toujours.

Quelles leçons, en effet, ce vieillard a-t-il données à la jeunesse ? Quel usage a-t-il fait de l’autorité que lui avait conquise quarante ans de travaux ? quel compte a-t-il tenu de la responsabilité que lui imposaient ses origines, son début dans la vie, les admirations qu’il traînait à sa suite, le respect de son propre labeur, de sa réputation et de sa gloire ? « M’étant peu amusé quand j’étais jeune, j’aime à voir s’amuser les autres. Ceux qui prennent la vie ainsi sont peut-être les vrais philosophes. » C’est le suprême conseil du maître, celui qui résume ou qui contient tous les autres ! Et comme on pourrait douter de ce qu’il entend par « s’amuser », lui-même a pris soin de spécifier qu’il n’excluait du nombre des « amusements » ni la débauche, ni l’ivresse, ni « les femmes », ni l’alcool, ni la « morphine ». Était-ce bien la peine de maltraiter si fort l’auteur du Dieu des bonnes gens, et de lui reprocher, si crûment, d’avoir « en un siècle préoccupé de problèmes aussi sérieux que ceux