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PRÉFACE.

Da veniam scriptis, quorum non gloria nobis Causa, sed utilitas, officiumque fuit.
Ovidius, Epistolæ ex Ponto, III. 9.
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I.


LA bibliographie proprement dite, cette branche si essentielle et aujourd’hui si étendue de l’histoire littéraire, qui a pour but la connaissance des livres dans tous ses plus minutieux détails, n’a pu, on le conçoit facilement, acquérir quelque importance et devenir une sorte de science, que longtemps après l’invention de l’imprimerie. Jusque-là le bibliographe avait dû se borner à de simples inventaires, c’est-à-dire à prendre les titres des livres, à les ranger soit dans l’ordre alphabétique des noms ou des prénoms de leurs auteurs, soit dans l’ordre méthodique résultant de la nature des ouvrages, en ajoutant quelques indications biographiques très-sommaires. Ce premier état de la science est ce qu’Ebert, auteur d’un Dictionnaire bibliographique allemand, rédigé d’après la seconde édition du nôtre, nomme bibliographie pure, par opposition à une bibliographie appliquée, que nous nommerons, nous, bibliographie pratique. C’est principalement dans le premier de ces deux genres que s’est signalé Conrad Gesner, savant infatigable et d’une immense érudition. Nos deux bibliographes, La Croix du Maine et du Verdier, dans leurs Bibliothèques françoises, imprimées pour la première fois en 1584 et 1585, ont suivi de fort près la méthode de Gesner ; mais du Verdier a joint à ses notices des extraits qui en augmentent beaucoup l’intérêt. Plus tard, et à mesure que la presse, devenue plus active, multipliait ses produits, les attributions de la bibliographie commencèrent à s’étendre ; car alors il ne suffit plus d’indiquer simplement par leurs titres, comme on l’avait fait naguère, les écrits qui paraissaient journellement dans toute l’Europe, il fallut encore joindre à ces indications des appréciations plus ou moins bien motivées du mérite intrinsèque ou du degré d’utilité relative de certains ou-TOME I. b