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LA FOLLE EXPÉRIENCE

ments troubles qui l’animaient. Philippe ne fut pour rien dans le dénouement, dans les dénouements qui mirent fin à ces situations et seuls en lui avaient de l’activité ces petitesses et ces vices, qui se nourrissaient de ces pourritures, qui sautaient dessus.

Claire invita donc Philippe un jour qu’il la rencontrait et qu’il lui apprenait qu’il lui faudrait bientôt déménager il ne savait où, la tante Bertha « cessant de tenir maison » :

– Venez chez moi, je vais passer l’été à la campagne.

Philippe était tenté. Il faisait grand soleil, elle avait les lèvres humides sur un sourire suspect, suspect pour tous les passants. Maintenant que son ami était par terre, tout semblait possible à Philippe : il n’en fut pas moins surpris, et, naïvement, il pensait à l’amant de Claire — il était sûr qu’elle avait un amant, il n’aurait su comprendre qu’elle n’eût pas un amant — et l’amant ne verrait pas d’un très bon œil cette cohabitation. Mais Philippe était gris, il venait de boire, et tout était possible. Pourtant, gêné, il ne disait mot.

— Je suis libre, vous savez, libre de faire ce que je veux.

Philippe accepta donc l’invraisemblable invitation de cette petite veuve, qui ne l’aimait sûrement pas : toute l’existence de Philippe fut constamment bouleversée par des événements aussi invraisemblables, aussi insensés. Chaque jour-