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DE PHILIPPE

de le retenir par son vice. Elle avait aussi une façon de s’abandonner aux confidences, des poses de femme avec son mari qui le troublaient. Philippe la suivait parfois dans la cuisine, où elle préparait elle-même les repas, la bonne les ayant quittés, et Juliette avait peur d’en choisir une nouvelle d’elle-même. Ses tabliers, ses manches retroussées semblaient donner à Philippe des droits presque maritaux et il tournait timidement autour de Juliette.

Philippe, sans plus rien faire, timidement, remontait à la chambre de son ami, où il lui parlait de Claire, la veuve de Lucien, un de ses amis qu’il avait vu assez peu, mais qui lui avait servi pour se donner de l’importance naguère auprès de Dufort et le rendre jaloux : Philippe avait ainsi toute une série de compagnons qu’il ne voyait que pour se débarrasser de Dufort, pour humilier sa tyrannie. Philippe ne faisait que commencer à rencontrer Claire, et il n’y avait rien entre eux. Cependant il voulait tromper deux fois Dufort, avec sa femme et avec une maîtresse qu’il prendrait et dont Dufort pourrait être jaloux de loin, parce qu’il était invalide et que tous ces plaisirs lui étaient interdits, ces plaisirs qui les aguichaient comme des adolescents encore, et de la même manière : l’amour défendu. Ils se pensaient libres, leur liberté n’était que le prétexte de s’en enorgueillir.

Rien ne se précisait en Philippe, et ce n’est que plus tard qu’il put discerner les senti-