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DE PHILIPPE

ments de manuscrits : Claire, visiblement, voulait qu’il écrivît en beauté leurs aventures, avec les déguisements nécessaires, et elle tenait à rester son égérie. Riant malgré tout, Philippe se disait : « Elle va me faire vivre, et elle ne demande en échange que cette petite illusion que je puis lui procurer. » Il se sentait ignoble.

On n’entendait pas la tante Bertha, tantôt dans la cuisine, qui serait sa cuisine, tantôt dans la chambre qu’on lui avait aménagée. Ou on entendait ses petits pas menus : elle rangeait. Ou encore le cliquetis de son chapelet :

À onze heures, Philippe conduisit Claire à sa chambre, l’embrassa sur le front, puis :

— Je vais m’étendre, cette nuit, sur le divan du boudoir.

Elle pâlit, mais se résigna aussitôt : avait-elle pour lui d’autre sentiment qu’un bizarre amour maternel ?

— Bonne nuit !

Il passa devant la chambre de la tante Bertha. Elle était assise, près du mur qui donnait sur la chambre de Claire. Quand elle le vit, elle baissa les yeux. Qu’attendait la tante Bertha ? Philippe sourit, passa, se coucha et s’endormit.

Le lendemain, jour de congé, les enfants parurent. Claire était heureuse de leur montrer Philippe :

— C’est votre nouveau Papa… Il va bien vous aimer. Vous vous rappelez ses cadeaux ?

Elle était fébrile, s’affairait.