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LA DERNIÈRE COMÉDIE

Elle ne se fit pas attendre, trop tardive pourtant au gré de Philippe, qui ne pouvait plus supporter la tante Bertha et qui cherchait le moyen de s’évader : le travail normal lui répugnait.

La tante Bertha, en effet, était de plus en plus doucereuse avec Philippe. Celui-ci se souvenait de son père, dont l’humble tante Bertha, dans son amour, avait fini par devenir propriétaire : sa ruse inconsciente n’avait pas épousé celui qu’elle aimait, elle le gouvernait, et, pour cette femme sèche, c’était beaucoup mieux. Philippe avait succédé à son père, et, maintenant que, nantie d’un minuscule héritage, elle pouvait se vouer corps et âme aux œuvres pies, maintenant que Philippe allait chaque jour communier à la messe, la tante Bertha s’était emparée de Philippe. Elle s’était surtout emparée de sa conversion. Elle qui, jadis, ne sortait de la maison que pour se rendre à l’église ou chez les fournisseurs, avait des amies, des amies qui n’existaient que pour entendre le récit de la fameuse conversion et de la piété de Philippe.

Philippe, dans sa jeunesse, avait formé comme tous ceux qui écrivent, des rêves de gloire littéraire, qui étaient vite déchus en rêves de simple notoriété : les dernières fois qu’il écrivit, ce