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DE PHILIPPE

grille s’ouvrit. Le prêtre penchait l’oreille, et Philippe prenait maintenant l’attitude de la confidence explicative, de la confidence psychologique. Philippe s’entendait prononcer des phrases de roman d’analyse. Il présentait un cas. Le prêtre ne disait mot. C’était plus fort que lui, Philippe ne confessait pas Philippe, il confessait un autre. Inconsciemment, il quêtait la lueur d’admiration qu’il observait dans l’œil de ses amis, lorsque son orgueil confessait littérairement ses turpitudes.

Cet aveu pénible, fait et arrangé en phrases, avec virgules, points-virgules et points d’exclamations, Philippe était certain maintenant de n’avoir pas commis de péché mortel, il n’était qu’un scrupuleux, et, comme s’il jouissait de la fatigue pleine après un travail de bonne prose, il était heureux, soulagé, soulagé non tant d’avoir avoué, que d’avoir élucidé et écrit. Et, avec le pharisaïsme de celui qui est heureux de n’avoir à confesser que des péchés bénins, il s’empressa d’avouer un quelconque gros péché de sa vie passée.

Ensuite, sa tâche étant finie, Philippe écouta distraitement les deux, trois phrases du prêtre. Il se recueillait pour un acte de contrition qu’il sentirait vraiment, ce qui ne lui était jamais arrivé dans la honte du confessionnal. Même, il ajouta : « Mon Dieu, je vous offre toute cette honte. »

Quand le prêtre lui demanda de prier pour