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DE PHILIPPE

Se rappelant ces fades souvenirs, Philippe se demandait s’il pouvait regretter d’une autre façon que de l’humaine cela qui, après tout, était une faute. Alors, ces pratiques religieuses avaient pour lui si peu d’importance, et le sacrilège n’était qu’une espièglerie d’enfant vicieux. Le casuiste Philippe ne savait parvenir qu’à une humilité diablement humaine : « Je ne suis qu’un sale type, le plus médiocre caractère que je connaisse. »

Philippe hésitait, lorsqu’il rencontra Lucien, et, voyant que l’autre remarquait avec tristesse que son ami qu’il croyait guéri était encore retombé dans son vice, Philippe, touché de l’intérêt que lui portait Lucien, sentit le besoin de s’excuser, d’abolir cette honte auprès de celui à qui il avait raconté sa conversion dans d’interminables confidences. (Dieu que Philippe était las de lui-même, du trop connu de sa psychologie, de la monotonie de ses réflexes : Philippe s’était trop lu pour n’avoir pas le goût de changer de peau.) Philippe dit donc son projet d’aller dans quelque retraite religieuse parachever sa guérison morale et physique. Lucien suggéra un monastère où l’on accueillait les laïcs, conduisit Philippe à la gare et solda le coût du billet, ajoutant quelques sous : le prix d’une bouteille, dont se munit précautionneusement le pénitent.

Philippe ne resta qu’une nuit. Il but, écrivit, confessa sa belle âme à un prêtre qui souriait,