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DE PHILIPPE

Ce n’était pas si facile. Il lui faudrait se confesser. Vingt-quatre heures, Philippe hésita. Dans son lit, avant de s’endormir, il fut humilié à crier, en constatant qu’il avait peur de l’enfer. Cela lui était venu tout à coup, qui lui donnait la preuve qu’il croyait vraiment ; il avait peur de mourir sans avoir reçu l’absolution, d’être damné. Et, pourtant, jadis, naguère, lorsqu’il envisageait l’hypothèse d’une conversion, il se disait toujours : « Moi, ce n’est pas la peur du diable qui me fera changer. » Ce n’avait pas été la peur du diable, mais, assuré maintenant dans sa croyance, il éprouvait l’épouvante d’il ne savait quelle chose atroce.

Le lendemain, Philippe s’achemina vers l’église. Il n’était pas encore décidé à la confession, mais il ne voulait pas manquer la messe, et, parce qu’il était complètement sans le sou, honteux, il se tint debout, dans un des bas-côtés.

Puis l’angoisse reprit, et toujours ce vide, cette absence de raisonnements, de sensations et de sentiments. « Décidément, Dieu ne prend pas de faux-fuyants, il veut être aimé pour Lui-même, et Lui-même, je ne sais pas ce que c’est », se disait Philippe, qui tournait en rond.

Enfin, le jour suivant, il entra dans un confessionnal, sans ferveur, sans autre foi que cette croyance qu’il percevait comme extérieure à lui-même et qui adhérait pourtant à lui et