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DE PHILIPPE

un conseil. Je suis pécheur, je l’avoue, et j’ai eu une maîtresse…

Le séminariste clignait des yeux. Puis il regarda ailleurs, joignant les mains, d’un geste inconscient.

– Ma maîtresse a un fils, sept ans. Le père veut l’envoyer à l’école protestante, où des amis peuvent lui obtenir une sorte de bourse. Mais la mère est chrétienne, malgré tout…

— Cela la sauvera.

— Et je suis moi-même très attaché à l’enfant. (Philippe sourit d’un air qui fit rougir le séminariste, si bien que Philippe avait honte de ce mensonge, comme si l’histoire eût été vraie et qu’il révélât goujatement des choses intimes). Je suis très ami de la famille, et si je proposais de payer l’instruction de l’enfant, on accepterait un collège religieux. Mais je n’ai pas le sou…

Sans dire mot, le séminariste se dirigea vers le chiffonnier : la statue contenait une cachette, et, la renversant, il en tira une liasse de billets :

— Le Saint-Enfant-Jésus de Prague me sert de porte-monnaie, et c’est plus sûr que la banque… Prenez ceci, et faites un petit chrétien de votre filleul… Ce sera votre filleul devant Dieu, et les Anges diront peut-être que je suis son parrain spirituel de confirmation, sa confirmation dans la foi.

Cela avait été trop aisé, et Philippe restait là sans prononcer un mot.