Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/172

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LE SÉMINARISTE

Philippe n’alla pas loin, le docteur et les bottines lui causant le même effroi. La démence que, certains jours, il craignait tant, commençait-elle à se manifester sous ces formes grotesques ? Son pied serré lui était un symbole du monde qui se rétrécissait autour de lui, pour l’emprisonner, l’avoir enfin. Philippe souriait lui-même de cette comparaison, mais, comme tout était burlesque, il fallait que sa terreur le fût aussi.

Philippe avait une autre raison de revenir, l’eau de Floride de la dévote et la douillette de l’abbé l’intriguaient vivement. Lorsqu’il entra, ce fut le séminariste, l’ancien séminariste qu’il rencontra. Philippe n’entendit pas d’abord ce que ce grand garçon blondasse lui disait, mais sur un signe de celui-ci, il ne sut que le suivre.

Sa chambre faisait contraste avec celle du docteur Marquette et lui ressemblait aussi. C’était une vraie petite chapelle, avec des chapelles latérales en outre. Ce qui surprit le plus Philippe, ce fut une série de gravures, de chromos posés à hauteur égale et qui, sur trois côtés, coupaient les murs en deux.

— Mais, c’est un Chemin de croix, fit-il.

— Un vrai Chemin de croix. J’ai obtenu ça avec toutes les peines du monde : on ne vend pas un Chemin de croix à un laïc sans s’étonner,