Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
DE PHILIPPE

moi, c’est mon œuvre, et vous voyez là les vêtements de mon œuvre… Vous surprenez ma moitié en déshabillé…

Il apprit alors qu’il préparait un livre, l’Héritage d’Hippocrate.

— Je m’adresse à ceux qui ne portent pas une ceinture de chasteté philosophique. Non pas que je casse les vitres. Casser les vitres me déplaît, et il y en a trop qui dépierrent nos bonnes terres pour en lapider toute l’humanité. Je montre, après mon maître Hippocrate, qu’il y a autant de cerveaux malades que de corps. Ne dites pas qu’on va profiter de l’occasion. Au contraire, pour ne pas passer pour fous, les gens s’abstiendront de faire des bêtises.

Philippe ne disait mot. Il avait peur. Il avait peur de cette mécanique, cette chaise, cette cathédramètre, immobile pourtant dans son coin qui, pour Philippe, bougeait toujours avec des gestes hallucinatoires. Il avait peur du docteur, ce contraste d’un bon sens de parole posée, égale et d’un regard allumé dans une face débordante de santé fausse, comme un cancer. Il avait peur que le docteur ne l’arrachât à sa retraite et à sa dôpe — ce qui eut lieu du reste, mais indirectement.

Philippe ne savait comment se l’expliquer, il lui semblait qu’il avait été attiré dans un traquenard opératoire, qu’il servirait de cobaye à une vivisection hoffmannesque.

Le docteur passait maintenant aux chaussu-