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DE PHILIPPE

comme ce jour qu’il alla quêter dans un établissement semblable, par expérience, disait-il, et où on lui avait remis des biscuits cassés, dont le goût approchait de l’odeur du poil de chien mouillé. Philippe n’était décidément pas fait pour cette vie de mendigot.

La Maureault disait encore :

— Je tiens propre ma maison, pour éviter les maladies.

À toute heure, elle arrivait dans les chambres :

— J’ai oublié un petit coin : c’est pas surprenant, j’ai tant à faire, puis les hommes sont si malpropres. Des cochons.

Et elle frottait derrière le lit, à exaspérer un ange. Elle montait sur une chaise, décrochait le calendrier et passait son linge derrière.

— C’est péché, jeter des choux gras.

Toujours ce qu’elle disait, lorsque, le lundi et le mercredi, elle venait vider les paniers. Alors, elle avait deux poubelles, qu’elle transportait l’une après l’autre, la première, moins lourde pour les déchets définitifs, pelures d’orange, mégots, cendres de cigarettes :

— Vous fumez trop, mon Français fume jamais, lui. Jamais malade, aussi.

La deuxième poubelle, c’était pour les lacets, « qui peuvent faire encore », des revues, des imprimés :

— Il y en a qui ont rien à lire.

Elle ramassait les vieilles lames de rasoir :