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LE SEUIL D’UNE SAISON EN ENFER

C’était un trou, avec des restes insolites. Il y avait au rez-de-chaussée la salle à manger de la patronne, et des meubles qui se touchaient, tant ils étaient nombreux et lourds et cossus. Non seulement parce que la pièce donnait sur une cour étroite et les murs d’autres maisons (un arbre maigre au milieu, sur le gravats, et qu’on ne voyait que les beaux midis, avec la surprise d’une verdure foncée encore vivante), la salle à manger restait obscure aussi, parce que les stores étaient toujours baissés sur ces richesses respectables. On entrevoyait un immense dressoir, à moins que ce ne fût un buffet, surchargé comme un tram-boat, les escales d’aubaines. Ce meuble penchait sur une patte, enfonçant dans le parquet qui s’abaissait de ce côté, et l’on craignait qu’il ne s’écroulât avec sa vaisselle, ses fruits de cire, ses verres verdâtres, et la glace noire au tain écaillé qu’on voyait luire par instants. Il y avait une suspension qui touchait presque la table couverte d’un lourd tapis et de maints coffrets, chandeliers, bougeoirs, plateaux et corbeilles : le plafond était si bas qu’on croyait que le parquet, qui, par une marche, surplombait le couloir, s’affaissait en même temps, pour garder les distances.

Du reste, dans cette maison, dès l’entrée,