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DE PHILIPPE

Philippe qu’il avait les yeux aguichés par les reliefs…

— Moi aussi, j’ai bien mangé. J’ai dîné chez papa, et le père aime toujours les bonnes nourritures, les bons vins… Mais, ma grande conscience ! on te donne du fort, à toi…

Il approchait les narines du verre :

— Qu’est-ce que ça, de la boisson ou des drogues ? Je sais que tu en prends…

— C’est du chloral…

— Comme Toupin.

C’était comme un mot de passe entre Philippe et l’abbé, Toupin, un pharmacien qui s’était ruiné pour une gonzesse quelconque — il le voyait avec la femme maigre, toujours un petit chien qui les suivait — puis, commis dans son ancien magasin, il avait commencé par user de suppositoires d’opium, pour oublier sa dyspepsie, les scènes de sa maîtresse et sa ruine. Il avait fini par le chloral, dont une trop forte dose l’avait emporté. Philippe avait accompagné l’abbé que la femme avait appelé, lorsque le pharmacien était mort, et il se souvenait du recul de ce prêtre devant la mauvaise femme : « il est mort, je n’ai pas d’affaires avec vous, maintenant… »

De souvenirs en souvenirs, Philippe finit par obtenir de l’abbé quelques dollars :

— Tu vas me promettre de me donner ton livre, quand il sera publié, avec une belle dédi-