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LA FOLLE EXPÉRIENCE

commis. Il fondait de honte, se voyant devant lui : Philippe paraissait tellement impuissant et vidé qu’il était obligé de prendre les poèmes des autres, des poèmes d’une forme qui n’était pas la sienne. Philippe était déshonoré.

Avant cette rencontre de Pothier, Philippe avait vu le Père Chartrand, visite qui le troubla beaucoup.

Dans un petit parloir pauvre, il avait essayé de mentir devant ce prêtre maladif, dont la barbe donnait l’apparence d’un bon vieux. Il se trouvait que le Père Chartrand ne vivait que de Dieu et que, paradoxalement pour l’ignorance de Philippe, il donnait toutes les apparences du scepticisme :

— Oui, l’Église, évidemment… le dogme, bien entendu… il faut distinguer, vous savez… parce que le Père Dubois interprète ainsi, ce ne veut pas dire… Loisy est condamné, mais… tous ne parleront peut-être pas comme moi… il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père…

Lorsque Philippe ayant voulu se confesser, le Père avait dit :

— Attendez, attendez…

Philippe qui, deux minutes auparavant, voulait se confesser sans foi, un peu il ne savait pourquoi, un peu pour flagorner le Père, un peu encore par goût des choses saintes, sans qu’il y eût conscience précise du sacrilège, maintenant, sans croire encore, Philippe se voyait damné :