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D’ARMANDINE

Ils furent si gênés que jamais ils ne surent comment cela s’était passé. Côte à côte, à la distance respectueuse que fixait la timidité plus qu’une pudeur inquiète, ils avaient fait route. Ce n’était pas la première fois, c’était la première fois qu’ils ne se séparaient tout de suite. Même, Ferdinand s’était permis de conter des histoires. Quelles histoires ? Nous ne le saurons jamais. Les eussions-nous accompagnés que nous n’aurions rien compris, sinon que, rouge comme un coq, Ferdinand s’efforçait à la gaudriole. Il bégayait, et l’intention était surtout dans le regard, qu’il détournait du reste. Pour Armandine, ce n’est pas qu’elle les écoutât non plus. Un lacet de son soulier s’étant rompu, elle n’aurait pu suivre aucune conversation. Ensuite, Armandine écoutait-elle jamais ?

Ses regards dérobés et sournois ne perdaient rien, et ce qu’elle avait observé, c’est que Ferdinand avait la figure rouge. Cet ingénu s’excusa :

— Je me suis laissé tenter.

Pour que Ferdinand se laissât tenter, il fallait que l’occasion fût d’importance. Il est vrai que l’on ne meurt pas tous les jours et, si, dans la maison du mort, il avait suivi les