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chand, il la quittait pour contempler ces autres images. Elle se retournait et lui touchait le bras :

— Venez, Gustave, je suis pressée.

Il était figé. — Un cirque, ma tante, un cirque !… Beau ! beau !

Ses gros yeux s’écarquillaient.

Au dîner, il cessait de manger :

— Un cirque, ma tante ! Beau ! beau !

Où avait-il pu prendre l’idée du cirque ? Les annonces ? Comment les idées s’associent-elles dans cette tête fruste ? Il ne voyait personne. Faut-il croire qu’il s’était échappé un moment et que des gamins lui avaient décrit le cirque ? Il tournait sans cesse dans la maison, et sans cesse abordait sa tante :

— Un cirque, ma tante ! Beau ! beau !

Elle essaya de l’occuper. Toute une journée, elle se promena avec lui, derrière la maison, près de la mare, lui faisant ramasser le bois sec, qu’il transportait dans la cave, du bois pour allumer le poêle, il la suivait, il la précédait, mais l’idiot était visiblement ailleurs.

Alors, elle lui conta des histoires. C’était contre ses principes, et, pour s’excuser, elle