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vit arriver chez lui une femme fardée qui lui fit peur.

— Vous vous trompez de porte…

— C’est bien chez monsieur Lapointe ?

— Oui, mais…

— Je vous amène votre petit-fils.

Il n’avait pas aperçu qu’elle portait un enfant dans les bras. Tremblant, la faisant entrer, il lui donna le meilleur fauteuil.

— Je vais aller chercher du lait. Si l’enfant n’en a pas besoin, ça fera du bien à la mère.

La partie était gagnée. La bru obtint tout ce qu’elle voulait, son voyage fut payé, et il y eut un petit supplément pour permettre à Paul de se rétablir. Quant à l’enfant, ce fut monsieur Lapointe qui en parla le premier. Il regardait la femme avec des yeux craintifs et presque concupiscents :

— On va faire une affaire… Dans les commencements, un jeune ménage est embarrassé par les enfants. Je vais garder l’enfant quelques mois, et vous aurez tout le temps de vous retrouver.

Elle n’en demandait pas tant. Pour la forme, elle eut des protestations bruyantes de