Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Comme t’es méchant, Frédéric ! Tu veux jamais me faire un petit plaisir… Mais, laisse faire, t’as raison, c’est pour toi que je veux que tu sois beau.

Frédéric sortit quand même, et dans ses vieux vêtements : il ne voulait pas paraître endimanché. Il garda cependant la cravate neuve, sous prétexte que l’autre était déchirée. Il marcha longtemps, songeant à ses vacances, rêvassant niaisement.

Elle lui écrivit là-bas et lui annonçait qu’elle pourrait peut-être s’absenter pour un dimanche. Bien sûr qu’elle n’irait pas dans l’île, chez ses amis, mais on pourrait se rencontrer à l’église, par exemple, ou à la gare.

Il va de soi que cette lettre gâta toutes les vacances de Frédéric. Sur-le-champ, il lui répondit : « Je serais trop inquiet. Le trajet est long. Vous n’êtes pas habituée aux chemins de fer. On ne parle que l’anglais. » Elle comprit, s’en attrista, puis : « S’il est heureux, qu’est-ce que ça fait ? »

Les études achevaient. Quelques mois de rhétorique encore, et ce serait la philosophie. Frédéric prendrait alors la soutane. Madame Royer était fière et triste en même temps.