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LE NAÏF

encore travailler. Pour faire comme tout le monde, il se décida à tromper. On lui fit savoir qu’on n’était pas dupe et qu’il y a des choses qui ne se font point, si on n’y met des formes.

Il se dôpa, et on lui demandait de vivre dans la vie réelle. Il était heureux, et on lui prouvait qu’il souffrait.

Un jour, Dieu, qui n’est pas conformiste, l’appela au milieu d’une ivresse. Surpris et pensant à une bonne blague, il ne prit pas la peine de se peigner et de se raser, et il le suivit. Les autres riaient ou se scandalisaient de le voir s’approcher de la Table, dans ses vêtements de carnaval et l’haleine chargée de vin.

Le plus surpris, ce fut Philippe, qui sut que Dieu ne lâche pas aisément la main qu’Il prend.

Cependant, il connut les dévots, qui le conviaient à l’apostolat en lui parlant de politique. D’autres s’étonnaient de ne pas le voir plus riche ni plus respectable. Il laissait dire et trouvait son plaisir dans les bas-côtés de l’église.

Un jour, à la taverne, il eut une rechute. Son compagnon, deux jours plus tard, prenait le chemin du confessionnal. Il connut que