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La gaffe n’eut lieu ni le soir, et, parce qu’ils retardèrent de plus en plus le moment fatidique, ni la nuit. Mais, pour ne pas alarmer l’âme laurentienne, glissons.

Les voilà donc dans la chambre mise à la disposition de leurs ébats éventuels. La chambre était vaste, et le lit plus encore, où matelas et couvertures s’entassaient. C’était la chambre d’en haut. Elle sentait un peu la souris, le renfermé surtout. Du plafond, quelque chose de lourd oppressait. Ce n’est pas à Ferdinand, ni à Armandine qu’on aurait pu demander d’ouvrir les fenêtres. Bien assez que, dans le train, cette fenêtre ouverte leur eut donné un peu d’enrouement. Du reste, la gêne embarrassait leur gorge.

Seuls et porte close, ils n’osèrent se regarder. Enfin, prenant son courage à deux mains, Ferdinand enleva ses souliers, et, sans songer que c’était avec un mouchoir propre du matin, il se mit à les frotter et à les polir. À l’autre bout de la chambre, Armandine s’était agenouillée et mise en prières. Je vous ai dit qu’Armandine priait haut. La pudeur haussait encore le ton et, savait-il pourquoi ? Ferdinand, aussi gêné, avait envie de rire.