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n’avait obtenu cette chemise qu’il lui fallait pour la soirée des Lalonde.

Trois fois par semaine, quatre fois, c’était la même scène :

— Bonsoir, Maurice, tu t’es bien amusé ?

Ainsi parlait monsieur Godin, qui, à moitié endormi d’attendre dans la cuisine, Maurice qui n’arrivait pas, avait dans sa chambre entendu ouvrir la porte.

Maurice ne répondait pas. Maurice détestait son père, qu’il estimait commun, dont toutes les habitudes l’agaçaient. Il ne se rasait même pas avec un Gillette, et chaque fois que Maurice surprenait son père avec son vieux rasoir :

— Personne ne se rase comme ça maintenant… Tu vas te couper.

Le ton pointu de Maurice faisait trembler la main du père. Il se coupait. Il en vint à se raser à la dérobée. Cependant, un soir, il arriva, joyeux :

— Maurice, j’ai reçu un cadeau, aujourd’hui…


Les yeux de Maurice brillaient. Souvent son père lui apportait ainsi du magasin une cravate, une chemise, des boutons de manchettes.