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On n’avait d’yeux que pour Armandine. J’entendis mon voisin : « Elle va éclater, ça n’a pas de bon sens, rouge comme ça ».

Sur le seuil de l’église, il y eut une courte discussion. Armandine commandait au chauffeur de les conduire tout de suite à la gare. Chez les Dussault, on avait préparé un petit goûter et on ne réussit pas à la convaincre de s’y rendre : je vous ai dit qu’Armandine était à part des autres. Ce qui se passa ensuite, vous entendez bien que je ne vous en saurais donner le détail. Ce que j’en ai su, et par quels recoupements, je vous le laisse à deviner et que tous leurs malheurs viennent de là.

Dans le train qui les menait à une campagne ignorée où Armandine avait un oncle à héritage éventuel (comme Ferdinand, elle collectionnait les héritages : on a la poésie qu’on peut), dans le train, il y eut accalmie. Pas trop de voyageurs, assez cependant pour ne pas être « tout seuls ». Presque avec galanterie, Ferdinand ouvrit la fenêtre, et l’air soulagea les joues rouges d’Armandine. Ils mangeaient des “lownies”, et, la bouche emplie, la conversation languissait. Cela encore les soulageait. Ils évitaient de se regarder, et, dès qu’un œil s’égarait, ils plon-