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tine prenait goût à la tombola et les femmes d’habitants avec leurs filles tiraient de cette foire presque autant de plaisir que de la visite aux grands magasins de Montréal.

Florestine se rendit donc au couvent et elle offrit à sœur Marthe-Marie de prolonger la tombola et ses ventes au profit des religieuses. Celles-ci, qui « s’étaient à peine montrées » à la fête des frères, sautèrent sur l’occasion. Il y eut une nouvelle visite « dans le gros », et, pour renouveler l’appétit des campagnardes, les bonnes sœurs exposèrent, anonymement comme il se doit, leurs travaux d’aiguille.

Cela aurait pu durer toute l’existence de Florestine. Hélas ! il n’y avait qu’une école et qu’un couvent, pour ne pas ajouter que l’avarice des habitants commençait à se lasser, si les femmes et les filles n’étaient pas encore repues.

Du reste, on finit par jaser. Et il y avait des accidents fâcheux. Le docteur, qui n’avait pas donné sa note aux frères depuis longtemps, s’était dit : quand la manne passe, il faut en profiter, et la note avait été plus lourde que toutes les autres. Pour les sœurs, elles avaient reçu celle du marchand général, auquel elles ne pensaient pas.