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— Il faut faire quelque chose, monsieur le curé, il faut faire quelque chose. Les religieux font le vœu de pauvreté, ils ne font pas le vœu de coucher dehors. Si la commission scolaire est trop sans-cœur pour s’en occuper, on va voir ce que peut une petite femme comme Florestine.

Il n’y avait pas de salle paroissiale. Tant pis ! Florestine se servirait de l’abri pour les chevaux et les voitures, à gauche du presbytère où les cultivateurs des rangs les remisaient, pendant la grand’messe. Le curé refusa d’abord.

— S’ils ne sont pas assez dégourdis pour trouver une place pour leurs chevaux, le dimanche, je leur prêterai ma cour, avait-elle répliqué.

Aussitôt, en belles rondes, elle avait rédigé une affiche : « Durant tout le temps de la tombola au profit des œuvres et missions des chers frères, on pourra déposer (elle avait écrit déposer) chevaux et voitures dans la cour de Mlle Florestine Huppé, musicienne et rentière, près du bureau de poste. »

Elle avait elle-même collé l’affiche à la porte de l’église. Pour la tombola et l’aménagement des locaux, elle loua deux jeunes hommes, qu’elle surveillait de leur arrivée à leur départ.