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charge d’intendante du curé. Depuis toujours, elle avait l’âge canonique, et ce n’est pas cette question de convenance qui l’aurait empêchée. Mais elle tenait à son rang. Néanmoins, je vous jure que, dans ses sommeils troubles de vieille fille, elle rêvait une « bonne place de servante » chez « un bon curé ». Dans le presbytère, elle aurait fait merveille, si le curé n’eut pas fait de vieux os. Cependant, elle accompagnait toujours Célanire, la bonne de la cure, chez Tousignant, le marchand général. Elle donnait des conseils sur la coupe des beefsteaks et choisissait elle-même légumes et fruits. Selon les hasards des almanachs et des revues pieuses qu’elle lisait, le curé ne mangeait que des carottes tout un mois, et ensuite il était bourré de viandes saignantes.

Il n’y avait pas que la nourriture. Parfois, Florestine découvrait un désinfectant pour les punaises et les mites, et jusqu’au confessionnal qui en fleurait la naphtaline et le pétrole.

Je ne parle pas du savon, que Florestine préparait elle-même, ou plutôt je vous dirai qu’à une visite pastorale, Monseigneur qui était soigneux et méticuleux de sa personne, lava la tête de monsieur le curé : l’humilité